Sunday, March 1, 2009
War Child : Heroes (Artistes Variés)
Très rares sont les compilations d'artistes variés qui vaillent la peine d'être entendues au complet. Elles ont souvent de motifs nobles, mais sont sans ligne directrice et très inégales. C'est notamment le cas d'Instant Karma, un ensemble de reprises de John Lennon paru en 2007 qui visaient à aider les réfugiés du Darfour, mais outre ses intentions, trop peu de bonnes choses se retrouvaient sur cet album. Dans les dernières semaines, j'avais un certain engouement pour la sortie de Dark Was The Night, une compilation de 31 titres des artistes indies de l'heure, incluant Arcade Fire, mais elle s'avéra particulièrement décevante, avec moins de 20% de bon matériel.
Mes attentes étaient donc plutôt basses quand j'ai débuté l'écoute de Heroes, une compilation présentée par l'organisme War Child qui, comme son nom l'indique, vient en aide aux enfants vivant en zones de guerre. Il faut dire que des les premiers accords de la reprise de Leopard-Skin Pill Box Hat (Bob Dylan) par Beck, on se sent rassurés. Tout en restant fidèle à l'original, Beck a su lui insuffler un rythme qui lui va à merveille, et il s'agit certainement d'une pièce phare de la compilation.
On ne peut dire autant de bien de la reprise de Do The Strand (Roxy Music) par les Scissor Sisters. La version plutôt techno n'arrive pas à la cheville de l'originale, mais sans être complètement inutile, les fans du genre y trouveront probablement leur compte.
Reprise intéressante qu'est celle de Lily Allen et Mick Jones avec Straight To Hell de The Clash. Mentionnons au passage que Mick Jones était le guitariste principal des Clash de leurs débuts à 1983. Il ne s'agit vraiment pas de la meilleure chanson du groupe et bien que le duo fasse un bon travail, la chanson ne lève jamais (comme l'originale d'ailleurs) et on se surprend à passer à la suivante.
Et bien il vaudrait peut-être mieux garder le doigt près du bouton "suivant", car la reprise de Live And Let Die (Paul McCartney) par Duffy ne va tout simplement nulle part. Au début on apprécie beaucoup la voix, mais oubliez toutes les portions instrumentales qui font le charme de cette chanson, tout ce qu'on y retrouve est justement la voix de la chanteuse galloise.
On enchaîne avec Running To Stand Still (U2), interprétée ici par les vétérans de l'alternatif britannique Elbow. Semblable à la reprise des Clash, il s'agit ici d'une chanson originale qui n'est pas si bonne et qui laisse malheureusement peu de place à l'imagination d'Elbow. La seule chose qu'on peut leur reprocher est leur choix de chanson.
TV On The Radio avait l'immensément lourde tâche de reprendre la chanson titre de l'album, soit l'excellente Heroes de David Bowie. On peut vraiment dire mission accomplie, dans une reprise où l'on reconnaît le son distinct des new yorkais mais qui ne dénature en aucun cas l'originale.
Quel excellent choix que celui de Transmission de Joy Division pour les très électro Hot Chip. Bien dommage par contre que ce soit tout simplement trop adapté et qu'on perde carrément l'énergie de la troupe de Ian Curtis. Il s'agit d'un moment très décevant.
Les Kooks sont les suivants avec leur version bien rock de la pièce Victoria originalement des Kinks. C'est très sympathique et entraînant, ça coule bien et ça remonte le moral après l'échec précédent.
Estelle, apparemment une jeune starlette du R&B, nous livre ensuite sa plutôt bonne interprétation du classique Superstition (Stevie Wonder). Malgré quelques particularités vocales bien R&Besque, la reprise tient la route. Il faut dire que l'originale se prête bien à ce style.
C'est alors que le montréalais Rufus Wainwright nous livre un medley Wonderful / Song for Children que l'on retrouve sur l'album Smile de Brian Wilson. Tout fan de l'un ou l'autre des deux artistes appréciera assurément, Wainwright y va d'un très bel hommage au légendaire Beach Boy, avec piano et trompette!
La question qu'on se pose en amorçant l'écoute de Search And Destroy (Iggy Pop) par Peaches est : "comment transformer un classique du punk rock en electronica?" N'ayez crainte, bien qu'assez déstabilisant, c'est très divertissant et ça vaut la peine d'être entendu.
Encore une fois un choix assez méconnu pour un artiste aussi grand que Bruce Springsteen, la pièce Atlantic City interprétée par The Hold Steady est très fidèle à l'originale, ajoutant quelques solos de guitares électriques, mais rien de révolutionnaire. Correct, mais sans plus.
(Ça achève). Une bonne chose que peut apporter la reprise de You Belong To Me (Elvis Costello) par The Like (qui?), c'est qu'on peut rechercher l'originale et découvrir une bonne chanson. C'est tout.
On amorce la finale de cette compilation en force avec les Yeah Yeah Yeahs qui font un sacré bon travail en reprenant l'hymne punk Sheena Is A Punk Rocker des Ramones. Une chanteuse punk? On aime.
Les derniers mais non les moindres, les stars du indie Franz Ferdinand nous livrent une très surprenante reprise de Blondie avec Call Me, enregistrée en concert. C'est vraiment, mais vraiment bon. On finit l'album d'aussi belle façon qu'il avait commencé, donc. Seulement, comme la très grande majorité de ces compilations, il y a plusieurs moments faibles et cela affecte grandement le résultat final.
La note : 70%
Une bonne tape dans le dos à : Beck, TV On The Radio, Yeah Yeah Yeahs et Franz Ferdinand
Une grosse moue à : The Like, Hot Chip, Duffy
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